Semaine 2 Avent

Méditation du père Jacques Philippe

Et si on croyait au Ciel ?

 

L’espérance du Ciel et la foi dans une vie après la mort font partie des éléments fondamentaux du christianisme. Nous disons chaque fois que nous récitons le Credo : « Je crois à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. Amen ! »

Cette croyance s’est parfois affaiblie, à cause du contexte matérialiste qui est le nôtre, où tout ce qui ne relève pas de l’expérience sensible ou de la mesure scientifique est taxé d’illusion. Sans doute aussi parce que l’amour s’est refroidi : comment quelqu’un qui aime vraiment le Seigneur, de tout son cœur et de toute son âme, ne serait pas habité par le désir que cet amour ne cesse jamais, et n’aurait pas la conviction que c’est bien ainsi… Notre Dieu est « le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, il n’est pas le Dieu des morts mais des vivants » ; tous ses amis vivent donc par lui pour toujours. (cf. Lc 20,38)

On a parfois aussi accusé les chrétiens de fuir dans un monde imaginaire pour ne pas pleinement assumer les responsabilités de la vie présente. Mais c’est tout le contraire : c’est parce que nous croyons à la vie éternelle que chaque moment de la vie présente devient plus précieux, vécu avec plus d’intensité et de responsabilité, car il prend une valeur d’éternité.

Il nous faut donc retrouver, dans toute sa force, cette foi dans une vie après la mort, où nous posséderons enfin tout ce que nous avons espéré, et serons pour toujours avec le Seigneur, partageant son bonheur et sa gloire avec ceux que nous avons aimés sur la terre et avec les saints qui nous ont précédés.

A supposer que la vie humaine se réduise aux quelques années que nous passons sur la terre, ce serait vraiment une bien triste nouvelle ! Cela contredirait en effet les aspirations les plus profondes du cœur humain : le désir d’éternité, la soif d’absolu, le besoin que l’amour ne soit pas seulement une réalité passagère et fugace, mais puisse durer toujours.

Notre soif de vérité et de justice serait aussi gravement contredite : face au mal, à la souffrance, à l’injustice, comment serait-il possible de s’accommoder de ces réalités négatives et ne pas aspirer à un monde où règneront la paix et la justice, où les pauvres ne seront plus méprisés et humiliés, où toute souffrance trouvera enfin la consolation à laquelle elle aspire ? Ce qui ne peut arriver que dans le Royaume, quand Dieu aura fait toute chose nouvelle. (Ap 21,5)

Le rapport entre la vie présente et la vie éternelle n’est pas le rapport entre un présent actuel et un futur qui n’existe pas encore. Par le Christ et sa victoire sur la mort, la vie éternelle est déjà commencée, l’éternité est entrée dans le temps. Par la foi, de manière invisible mais réelle, nous pouvons aujourd’hui être en contact avec l’Éternité. Par notre amour du Christ, par notre prière, par l’Eucharistie, nous sommes en contact réel avec le Ciel, qui vient déjà irriguer, illuminer, transfigurer la vie présente. La mort n’est pas devant nous, elle est derrière nous, nous sommes déjà passés de la mort à la Vie. Certes, d’un point de vue humain la mort garde son côté douloureux, mais elle n’est plus qu’un simple passage. La petite Thérèse disait : « Je ne meurs pas, j’entre dans la Vie ! »

Chaque fois que nous prions le « Je vous salue Marie » nous demandons à la Vierge qu’elle soit présente à l’heure de notre mort. Ne doutons pas qu’elle le sera, et que sa maternelle tendresse nous aidera à vivre ce passage dans la confiance et l’abandon.

La foi dans la vie éternelle, qui n’est pas un vague espoir mais une certitude, nous donne la possibilité sur la terre d’un vrai contact avec le Ciel. « Vous verrez les Cieux ouverts » dit Jésus à Nathanaël. (Jn 1,51) Sans avoir besoin d’extases ou de visions, la foi réalise cette promesse.

Cette foi nous donne une grande force pour assumer les combats de la vie présente. Si nous portons dans nos cœur la certitude qu’il n’y a pas « de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que Dieu a préparée pour ceux qu’il aime » (Rm 8, 18), cela nous aide à relativiser bien des choses. Comment se décourager d’un combat, d’une déception, d’une souffrance passagère quand on sait qu’un bonheur sans fin nous attend ? Comment se désoler excessivement de la perte d’un être cher quand on sait qu’on le retrouvera dans une joie éternelle ?

Loin de nous éloigner du réel et de nous empêcher de l’affronter, l’espérance dans la vie éternelle nous donne un courage, une force, un sens de nos responsabilités qui nous permettent de nous engager de toute notre générosité dans la vie présente, par l’annonce du Royaume, par l’exercice de la charité, etc. Nous savons que nous n’avons rien à perdre, que tout est déjà acquis pour nous, qu’aucun mal ne pourra jamais nous anéantir mais rejaillira en un bien éternel. Cela nous donne un grand courage et une grande liberté pour affronter les difficultés du présent.

Rendons grâces à Dieu qui nous donne la certitude que notre existence n’est pas limitée au monde présent, mais qu’elle peut être vécue dans cet immense et splendide horizon de la vie éternelle !

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