Méditation du père Jacques Philippe
Garder confiance dans les temps difficiles.
Il n’est pas facile dans les temps que nous traversons de garder confiance. Nous avons bien des motifs d’inquiétudes : la pandémie dont on ne sait pas combien de temps elle va durer, les incertitudes économiques et politiques, les menaces d’attentats terroristes sur notre pays, la confusion morale grandissante de nos sociétés. La surabondance d’informations inquiétantes délivrées chaque jour par les médias, les avis contradictoires qui s’expriment à propos de tout, les polémiques parfois violentes auxquelles nous assistons, peuvent finir par créer un climat très anxiogène.
Tout cela n’est pas facile à vivre, mais c’est un appel pour nous à être des hommes et des femmes de foi. A rester malgré tout dans la confiance et dans l’espérance, et, j’oserais dire, à demeurer dans l’action de grâce, même si ça paraît un peu fou.
Espérer contre toute espérance
Notre confiance aujourd’hui ne peux plus être un simple optimisme basé sur des raisons humaines ; elle est appelée à devenir une confiance plus difficile, plus profonde, mais en fin de compte bien plus belle, une confiance basée sur la foi. Une foi inébranlable, car elle ne s’appuie pas sur des motifs humains, mais sur la parole et les promesses de Dieu. « Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas » dit Jésus. (Mt 24,25)
Il nous faut « espérer contre toute espérance », selon les mots de Paul à propos d’Abraham dans la lettre aux Romains. (Ro 4,18) Même si j’ai mille bonnes raisons humaines de désespérer, je me décide quand même pour l’espérance ! Voilà le combat qui est le nôtre aujourd’hui en tant que chrétiens.
C’est Jésus lui-même qui nous lance ce défi, quand il dit dans l’évangile « Le Fils de l’homme quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 28, 8) Paroles étonnantes, qui ne sont pas une prévision pessimiste, mais un appel qui nous est adressé, et qui indique le lieu du vrai combat, le bon combat de la foi comme dit saint Paul.
Prendre des moyens concrets
Cette confiance n’est pas spontanée ni facile à pratiquer. Elle ne doit pas non plus devenir une confiance naïve, vite démentie par le réel. Cela exige donc que nous prenions des moyens très concrets pour nourrir et fortifier notre foi. En voici quelques-uns.
La Parole de Dieu
Le premier c’est de nous appuyer sur la Parole de Dieu. Il faut absolument que nous revenions sans cesse à ces innombrables versets de la Bible qui nous invitent à la confiance, et que nous les gardions dans notre cœur. Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je crainte. Le Seigneur est le rempart de ma vie, devant qui tremblerais-je ? (Ps 26) Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! (Mc 6,50) Même les cheveux de votre tête sont tous comptés, ne craignez pas ! (Lc 12,17) Rien ne pourra nous séparer de l’amour du Christ. (Ro 8,31) Plutôt que de se gaver de séries télévisées, il serait bon prendre un peu de temps pour apprendre par cœur le psaume 22 : Le Seigneur est mon berger. Il faut remplir notre carquois de toutes ces flèches !
La prière
Le deuxième, c’est la prière. Prier ce n’est pas chercher de belles paroles ou cultiver de douces émotions, c’est, par un simple acte de foi, accueillir une présence, la présence de Celui qui nous aime infiniment. Ce qui peut rassurer un petit enfant dans une situation difficile, ce ne sont pas les explications complexes sur la situation, mais c’est la présence aimante du papa ou de la maman qui lui tient la main. Ce qui nous donne la paix, ce n’est pas de tout comprendre et de tout maîtriser, mais d’accueillir auprès de nous la présence de celui qui a dit : Je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. (Mt 28,20) Présence qui nous est donnée tout particulièrement dans l’Eucharistie, lors de la célébration de la messe ou dans l’adoration du Saint Sacrement, si nous avons la possibilité d’y participer dans ces circonstances particulières ou de nous y unir par la coeur.
La prière est aussi pour nous l’occasion de remettre entre les mains de notre Père du Ciel tout ce qui est parfois lourd pour nous. Déchargez-vous sur Dieu de tous vos soucis, car il prendra soin de vous dit saint Pierre (1 P 5,7)
La louange et l’action de grâce
Le troisième moyen, c’est la louange et l’action de grâce. J’ose dire que plus le monde va mal, plus nous devons louer le Seigneur. C’est aussi une manière d’accueillir la présence divine, car Dieu habite les louanges d’Israël. (Ps 21,3) La louange a un grand pouvoir pour nous guérir de la peur, de la tristesse, du pessimisme, du repliement sur soi. Elle a une force particulière pour augmenter la foi, fortifier l’espérance, embraser de charité.
Au plan personnel, prenons cette habitude de rendre grâce et de bénir Dieu pour le moindre des petits cadeaux que la vie continue quand même de nous offrir. Cela purifiera notre cœur et notre regard et nous fera expérimenter que Dieu ne nous abandonne pas.
Malgré les limites imposées par le confinement, trouvons les moyens de partager notre foi avec d’autres et de louer ensemble le Seigneur. Et si nous sommes un peu seuls, rappelons qu’un chrétien n’est jamais confiné, car il vit dans le grand mystère de la communion des saints, et que, par sa prière, il peut visiter le monde entier, se rendre partout où il y a besoin de consolation, de paix et d’espérance.